J’ai le plaisir de recevoir Mathieu Maréchal co-fondateur de la coopérative engagée Fertilidée.
Fertilidée a pour objectif d’accompagner les acteurs économiques français à rediriger leurs efforts, ensemble, vers l’action pour la justice environnementale et sociale.
Dans cette interview, Mathieu nous explique les 5 raisons pour lesquelles les entreprises n’ont pas encore une démarche RSE, et comment casser ses idées reçues.
En amont, voici un bref rappel du concept de la RSE.
La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) désigne l’adoption par les entreprises des préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et à leurs relations avec les parties prenantes.
Cela inclut des aspects tels que :
- La responsabilité environnementale, comme la réduction de l’empreinte carbone, gestion des déchets, utilisation de ressources durables…
- La responsabilité sociale, c’est à dire les conditions de travail, la diversité et l’inclusion, le développement des compétences des employés…
- La responsabilité économique, qui consiste à avoir de l’éthique dans ses affaires, de la transparence financière, avoir de l’impact au niveau local…
- La gouvernance avec de l’éthique, de la transparence et le respect des droits de l’homme.
Sommaire de l'article
RSE : les 5 raisons fréquentes qui freinent les entreprises
Beaucoup d’entreprises avec lesquelles nous échangeons nous disent que la RSE, sur le papier, c’est bien.
Mais que dans la pratique, c’est plus compliqué.
Ces dirigeants/es de TPE et PME hésitent à franchir le pas, et ont souvent des raisons très légitimes.
L’objectif de cet article est simple : parcourir les freins, ou objections, les plus fréquents à la RSE, et comprendre comment les dépasser.
Pour que la RSE ne soit plus un “sport de riches”, mais au contraire une façon de piloter votre entreprise quelles que soient les conditions de navigation qui apparaissent !
Raison n°1 : la RSE, ça coûte trop cher
Mettre en place une démarche de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) nécessite un minimum de temps.
Donc oui, soyons clairs, ce n’est pas totalement gratuit, car le temps investi représente un salaire versé (avec des charges) à quelqu’un dans l’équipe.
Il peut aussi être nécessaire de se faire accompagner par des experts sur certains sujets.
Donc, oui la RSE coûte de l’argent.
Mais l’argument “cela coûte trop cher” appelle la question suivante : trop cher par rapport à quoi ?
S’il y a d’autres investissements perçus comme étant plus rentables, il peut être intéressant de :
- s’assurer que la RSE est bien comprise comme étant un levier de développement et de pérennité de l’entreprise,
- avec ses nombreux leviers d’action (elle touche à toute l’entreprise),
- que le calcul de ROI est mené adéquatement.
Et oui, la RSE, c’est du ROI, ce n’est pas une dépense, mais un investissement !
Lorsqu’on la considère ainsi, la décision d’investir du temps et/ou de l’argent dans une démarche RSE est beaucoup plus facile à prendre !
Pour aller plus loin, nous vous proposons de parcourir notre article sur la RSE comme investissement rentable.
Raison n°2 : la RSE, j’en fais déjà !
Certaines entreprises nous répondent qu’elles font déjà de la RSE.
Et c’est vrai !
La RSE est le plus souvent déjà pratiquée, avec plein de belles choses que les TPE et PME s’efforcent à mettre en place.
Mais dans les petites entreprises, il manque souvent un cadre structurant, avec une gouvernance de la démarche bien établie.
Qu’est-ce que cela veut dire en termes plus simples ?
Que pour être sûrs de couvrir toutes les dimensions de la responsabilité sociétale de votre entreprise, se baser sur un processus est indispensable, ou du moins très utile.
Chez Fertilidée, nos accompagnements RSE sont basés sur la norme ISO 26000, qui fait consensus à l’échelle mondiale pour la durabilité en entreprise.
La gouvernance est aussi importante : qui fait quoi ? qui décide de quoi et comment ? Ce sont des aspects qui sont très importants pour que la démarche ne s’essouffle pas au bout de quelques mois.
Autre raison de structurer votre démarche : faire savoir ce que vous faites !
C’est une façon de faire rayonner votre marque, dans le cadre de votre démarche marketing, mais aussi pour votre marque employeur, pour attirer de nouveaux candidats au recrutement.
Raison n°3 : nous n’avons personne de compétent sur la RSE
Très bon point !
Se lancer dans la RSE nécessite un minimum de compétences et de connaissances, mais aussi beaucoup de bon sens, un goût du dialogue et de l’analyse.
La bonne nouvelle, c’est qu’il est tout à fait possible de se former à la RSE. C’est même faisable en quelques jours 🙂
Il y a aussi de nombreuses ressources gratuites en ligne, dont le blog de Fertilidée fait partie.
Auto-formation, formation professionnelle continue, lecture de livres, etc : les options sont nombreuses pour vous former, avec des budgets commençant dès 0 € !
Raison n°4 : nos clients ne sont pas demandeurs (qu’on soit durables)
Toute entreprise doit trouver et conserver des clients pour perdurer.
Il est donc très pertinent de s’intéresser à ce qu’attendent les clients.
Mais il faut aussi le faire de manière prospective, en anticipant les tendances à venir.
Aujourd’hui, si vos clients ne vous posent pas de questions concernant votre démarche de durabilité, cela ne signifie pas qu’ils ne le feront pas demain : dans 3 ans, ou dans 3 mois.
Or, une démarche RSE, pour être bien structurée et commencer à avoir des réalisations concrètes et visibles, pour une TPE ou petite PME, cela prend 6 à 12 mois.
Notre conseil est simple : n’attendez pas le dernier moment si vous percevez que le marché sur lequel vous évoluez s’oriente vers une exigence de durabilité. Car trop tard, c’est difficile à gérer !
Raison n°5 : l’Etat français “m’impose” déjà de faire de la RSE tout le temps
C’est une perception très légitime.
Les entreprises sont déjà très sollicitées par la réglementation : pour faire moins polluant, pour prendre en charge mutuelles et congés payés même lorsque le salarié est en arrêt longue durée, pour participer en réalité à des services d’intérêt général, qui pourraient très bien être pris en charge par l’État.
Notre propos n’est pas de dire que c’est bien ou pas bien d’en demander autant aux entreprises. Mais factuellement, elles sont bien sollicitées.
Nous sommes donc d’accord avec vous : l’État vous impose de faire de la RSE.
C’est même l’un des points de la loi Pacte de 2019.
Elle demande à toutes les entreprises (peu importe leur taille ou leur forme juridique), de prendre en considération les enjeux sociétaux et environnementaux de leur activité.
Bon, OK, mais est-ce une bonne raison de ne pas aller plus loin que la loi et d’adopter une démarche RSE proactive ?
Chez Fertilidée, notre conviction est qu’au-delà de la réglementation, être ambitieux en matière de RSE est rentable, tout simplement.
Cette rentabilité est à plus ou moins long terme, mais est réelle.
Améliorer les conditions et relations de travail de votre équipe, par exemple, au-delà de ce qui est exigé par la loi, cela transforme complètement la culture de votre entreprise.
Les salariés sont motivés et impliqués, ils démissionnent moins souvent, et ils en parlent autour d’eux : vous recrutez ainsi plus facilement et à moindre coût.
Sur un plan politique, n’oublions pas aussi que si l’État reporte sur les entreprises une exigence de “prendre soin” des gens et de la planète, c’est aussi parce qu’il ne peut pas financer ce soin lui-même.
Nous vivons à crédit depuis des décennies, creusant notre dette publique chaque jour un peu plus.
Et là aussi, la durabilité peut participer à résorber les déficits publics :
- via la sobriété et l’innovation, en consommant moins de pétrole, de métaux, etc venant d’autres régions du monde.
- via l’impact social, en évitant burn-outs, dépressions liées au travail, etc, en réduisant les coûts pour la sécurité sociale.
- via l’impact sociétal, en travaillant avec les acteurs de son territoire pour le rendre plus durable.
- et via de nombreux autres leviers !
Pour conclure, n’hésitez pas à nous faire signe si vous éprouvez d’autres freins pour vous lancer, nous sommes ravis d’échanger sur la durabilité des entreprises !
Pour en savoir plus, vous pouvez prendre contact avec Mathieu Maréchal.