Comment augmenter sa résilience face à la crise ?
C’est la thématique de la conférence que j’ai animée dans le cadre des “12 défis du numérique” organisés par l’annuaire Numérikissimo (annuaire des tops acteurs du numérique en France).
Nous avons abordé la thématique de la résilience des entreprises face aux crises multiples et imprévues.
La dernière coupure d’électricité en Espagne et au Portugal étant un exemple concret.
Voici ce qu’il faut retenir de cette conférence :
-
Évaluez votre maturité digitale avec des outils comme Dimup et alignez vos efforts sur les 6 leviers (stratégie, organisation, personnel, offre, technologie, environnement).
-
Développez la collaboration, la communication et la créativité (ex: via des serious games, au travers de formations sur le travail collaboratif…). Utilisez le CPF, France Compétences et MesCertif pour des formations certifiantes alignées sur vos besoins.
-
Formez vos équipes à choisir les bons outils et en incitant les initiatives personnelles.
- Réduisez les frais fixes, diversifiez vos clients, apprenez des crises afin de développer votre Antifragilité.
- Prospectez avec des outils low-cost et créez des moments WOW pour fidéliser en appliquant les méthodes de growth hacking
-
Calculez votre seuil de rentabilité et vos charges fixes afin d’anticiper dès à présent des mesures pour sauvegarder votre entreprise.
Cette conférence offre une feuille de route complète pour naviguer dans un monde incertain, en combinant innovation numérique, développement humain et agilité stratégique.
L’important étant d’anticiper tant que la situation économique de l’entreprise le permet, afin de ne pas subir la crise.
Nous avons beaucoup insisté sur la notion d’antifragilité développée par Nicolas Taieb.
Sommaire de l'article
Sommes-nous entrés dans une nouvelle ère de crise à répétition ?
J’ai introduit la conférence en soulignant l’imprévisibilité des crises modernes, illustrée par les récentes coupures d’électricité en Espagne et au Portugal, un événement inimaginable, il y a peu.
Ces crises, qu’elles soient énergétiques, économiques, climatiques ou technologiques, nécessitent de développer dès à présent sa résilience.
En effet ce n’est pas quand tout va mal et que l’on a peu de marges de sécurité qu’il faut réagir, mais au contraire quand la situation est bonne afin d’avoir plus de marge de manoeuvre et de ne pas agir sous la pression.
Nous avons aussi indiqué que nous entrons dans une “monde VUCA” (avec une forte Volatilité, Incertitude, Complexité, Ambiguïté), et que le “business unusual” va devenir la norme.
Nous sommes entrés dans un changement de paradigme où les entreprises doivent repenser leur fonctionnement, voire leur philosophie basée du 50 ans de croissances non stop.
Nous sommes dans un contexte global changeant qui devient imprévisible.
Les crises actuelles, qu’elles aient un effet sur la durée (ex: changement climatique, instabilité politique, endettement public…) ou ponctuelles (ex : guerre en Ukraine…) se cumulent rendant le monde de plus en plus plus instable.
Nous sommes à la fin d’une ère de stabilité pour passer d’une époque de “moyenne” (températures, croissance…) à une époque d’écart type avec d’énormes écarts.
La technologie aussi s’en mèle, avec une accélération technologique ménée par l’IA, ainsi que des bouleversements démographiques.
Les entreprises doivent s’adapter à une économie mondiale où l’hégémonie occidentale s’effrite, avec une montée en puissance de l’Afrique et de l’Asie.
C’est pourquoi dans cette conférence de 45 minutes, nous avons tenté de vous fournir des conseils pratiques pour augmenter la résilience de votre entreprises, en combinant transformation digitale, innovation et focus sur l’humain.
Présentation des intervenants
-
-
Fondateur de NS PULSE, un cabinet de conseil spécialisé dans les entreprises à impact et la formation.
-
Membre de Collective Z, un collectif travaillant sur la transformation des entreprises, le futur du travail, l’intégration de l’IA, les transitions écologiques et l’adaptation aux nouvelles générations.
-
-
-
Fondateur de DIMMUP, une plateforme et un service de conseil pour évaluer la maturité digitale et IA des entreprises.
-
Michael aide les entreprises à poser un diagnostic à 360° de leur transformation numérique (modèle SaaS, plus de 400 diagnostics réalisés).
-
-
Frédéric de ConseilsMarketing.com
-
Blogueur et consultant en marketing depuis près de 20 ans.
- Auteur d’un livre sur l’adaptation des entreprises face aux crises.
-
Partie 1 : L’importance du diagnostic digital de son entreprise
Michael insiste sur la nécessité de réaliser un diagnostic de maturité digitale pour renforcer la résilience des entreprises pour mesurer sa maturité digitale et IA.
Selon lui, la résilience est la capacité à surmonter les chocs traumatiques.
Or nous sommes au cœur d’une crise multifactorielle : changement climatique, guerre en Ukraine, perte de sens, suites de la crise sanitaire du Covid, instabilité politique, endettement public devenu insoutenable, etc.
Il propose une approche structurée basée sur six leviers, accessible via la plateforme dimmup.com.
Voici Les principaux conseils qui ont été évoqués :
-
Commencez par une auto-évaluation simple :
-
Posez-vous la question : “De 0 à 5, où en est votre entreprise dans sa maturité digitale ?”. Cet exercice d’introspection permet une première prise de conscience.
- Attention : Les entreprises ont tendance à se surestimer (jusqu’à 2-3 points d’écart par rapport à la réalité). Un diagnostic approfondi est donc essentiel.
-
-
Réalisez un diagnostic à 360° au travers de six leviers pour évaluer la maturité digitale :
-
La stratégie pour aligner la stratégie digitale et l’IA avec les objectifs globaux de l’entreprise. Évitez les initiatives numériques sans cohérence.
-
L’organisation afin de mettre en place des structures favorisant l’adoption du numérique pour animer toutes les activités.
-
Le personnel pour former les collaborateurs pour qu’ils maîtrisent les outils numériques et en tirent un bénéfice (productivité, relation client, recrutement).
-
L’offre pour concevoir des produits et services “data-ready”, capables de produire et exploiter des données pour créer de la valeur.
-
La technologie et l’innovation afin d’évaluer les infrastructures, applications et devices mis à disposition des parties prenantes (clients, collaborateurs, partenaires).
-
L’environnement pour prendre en compte les facteurs externes (réglementation, fiscalité, économie), comme l’IA Act en Europe.
-
Michael a donné un exemple concret avec la FPEM.
Cette entreprise compte 125 collaborateurs dans le secteur de l’aide à domicile.
Malgré des initiatives numériques, il y avait un manque de cohérence stratégique et d’outils adaptés.
Le diagnostic a permis de mettre en lumière les faiblesses dans la stratégie, l’organisation, la formation et l’architecture numérique.
Les résultats ont été d’arrêter les projets en cours pour prioriser des actions urgentes avec un réalignement des efforts pour mieux adresser le marché.
L‘innovation reste aussi l’une des clés de la résilience.
Une étude de Mc Kinsey a montré que 84 % des dirigeants de PME (moins de 250 salariés) estiment que l’innovation est essentielle pour surmonter les crises.
Il faut donc innover même en période de crise, même avec des ressources limitées, en misant sur la créativité, l’audace et les outils numériques.
Pendant la crise financière de 2008, les entreprises innovantes étaient 10 % plus performantes pendant la crise et 30 % plus performantes 4 ans après.
Partie 2 : L’importance de l’humain et des soft skills pour mieux résister aux crises
Nicolas met l’accent sur le facteur humain, essentiel pour renforcer la résilience.
Il insiste sur le développement des soft skills et l’usage conscient des technologies, en s’appuyant sur son expérience dans la formation et au Collectif Z.
-
Mettez en place le cadre pour créer une organisation régénérative :
-
Les organisations favorisant la collaboration ont une robustesse et offrent une transformation durable.
- 80 % vient de la culture d’entreprise. Repensez les pratiques, remettre en question les croyances fondamentales (“on a toujours fait comme ça”)
- 20 % vient des comportements individuels. Encouragez la collaboration, développer les soft skills et promouvoir un usage raisonné des technologies.
-
Astuce : Organisez des ateliers collaboratifs pour évaluer et améliorer la culture d’entreprise.
-
-
Développez un référentiel de soft skills :
-
Collectif Z a créé un référentiel avec 5 compétences clés déclinées en 15 capacités :
-
Pensée critique (curiosité, pensée analytique, traitement de l’information)
-
Collaboration (esprit d’équipe, énergie positive, prise d’initiative).
-
Alignement corps-esprit (maîtrise de soi, persévérance).
-
Communication (écoute active, explication claire).
-
Créativité (flexibilité, imagination, ingéniosité).
-
-
Vous pouvez utiliser des serious games (ex : des jeux de cartes) pour évaluer vos capacités et faire changer les mentalités.
- Privilégiez un management collaboratif, où chacun apporte son feedback, plutôt qu’un modèle top-down.
-
-
Usage conscient des technologies :
-
Les outils d’IA sont parfois mal utilisés (ex. : demander à ChatGPT de faire des calculs complexes, alors qu’il est conçu pour le texte et les images, choisir les bonnes IA et les bon modèles…).
-
Il faut former les collaborateurs à comprendre les forces et limites des outils numériques.
- Créez des formations ludiques pour démystifier l’IA et encourager son adoption.
-
-
Gérez le shadow IT :
-
C’est à dire l’utilisation d’outils numériques par les équipes sans validation officielle, ce qui peut poser des problèmes de confidentialité ou de propriété intellectuelle.
-
Identifiez et régulez ces pratiques, tout en fournissant des outils officiels adaptés aux besoins des équipes.
-
-
Investissez dans la formation continue :
-
Il y a de nombreux dispositifs :
-
Le CPF (Compte Personnel de Formation) : Crédité annuellement, utilisable pour des formations certifiantes.
-
France Travail : Aides pour les demandeurs d’emploi.
-
Plan de développement des compétences : Financé par les entreprises ou les OPCO (opérateurs de compétences).
-
Transition Pro : CPF de transition pour des reconversions.
-
Aides régionales, alternance, dispositifs pour les micro-entrepreneurs ou personnes en situation de handicap.
-
-
Ressources pour aller plus loin :
-
Centre Inffo (centre-inffo.fr) – Informations à jour sur les dispositifs de financement.
-
France Compétences (francecompetences.fr) – Référence les certifications et diplômes reconnus.
-
MesCertif (mescertif.fr) – Moteur de recherche pour identifier les formations adaptées aux compétences recherchées.
-
-
Astuce : Choisissez des formations menant à une certification ou un diplôme, et alignez-les sur les besoins réels de l’entreprise.
-
Partie 3 : Adapter son business face à la crise
J’ai présenté une vision globale de la résilience, en insistant sur l’antifragilité (capacité à tirer profit des chocs) et en proposant quatre axes stratégiques pour les entreprises.
- Etape 1 : La frugalité à tous les niveaux… Vous allez devoir créer une organisation antifragile / résiliente
- Etape 2 : Repenser ses produits, c’est repenser les futurs besoins de ses prospects pour être en phase avec le nouveau contexte
- Etape 3 : Prospecter et fidéliser différemment, via le de-Growth Hacking
- Etape 4 : La force du collectif. Les entreprises qui ne sauront pas s’adapter vont au-delà de gros ennuis… les plus agiles auront un avantage sur les grosses
-
Devenir plus agile et frugal :
- Contrairement à la fragilité (casse sous le choc) ou la robustesse (résiste mais stagne), l’antifragilité consiste à apprendre des crises pour en sortir plus fort.
- Le principe est de réduire ses frais fixes pour être plus léger face aux crises. Généralement 5 à 10% des dépenses peuvent être supprimées sans nuire à la qualité perçue.
-
Par exemple exemple une consultante en relation client a réduit sa masse salariale en passant de 3-4 salariés à 1 salarié et des freelances, gagnant en flexibilité.
-
Astuces :
- Diversifiez vos clients pour réduire la dépendance à un seul segment.
-
Apprenez des échecs pour ajuster vos processus (ex. : analyser les leads non qualifiés pour améliorer le marketing).
-
Externalisez les tâches non stratégiques (ex. : Frédéric délègue l’envoi d’invitations, de la gestion de son compte Linkedin… à son assistante Sabrina).
-
Travaillez en réseau avec des partenaires pour absorber les fluctuations économiques.
-
Alignez les équipes sur les objectifs globaux via les OKr (voir ce dossier)
- Pensez à faire appel à l’IA et au off shore pour les besoins simples.
-
Repenser ses produits et services :
-
Il faut aligner les produits sur les préoccupations actuelles des clients, par exemple l’IA, la durabilité…
-
Par exemple un éditeur de logiciels pour les artisans du bâtiment devrait intégrer des fonctionnalités d’IA (rédaction de devis, correction orthographique) pour capter l’attention des artisans, même si c’est une fonction uniquement marketing. Le but est de capter l’attention.
- Par exemple, les garagistes qui passent des scooters thermiques à l’électrique perdent leur chiffre d’affaires récurrent (vidanges, filtres…) car ces véhicules nécessitent moins d’entretien.
-
D’où l’importance de repenser votre business model pour anticiper ces changements (ex. : passer de la maintenance à la location ou aux services connectés).
-
Astuces :
- Anticipez les tendances (ex. : durabilité, énergie chère) pour adapter vos offres.
-
Testez rapidement des prototypes avec les équipes opérationnelles (ex. : laissez la R&D concevoir une maquette et uniquement ensuite faites entrer le marketing en jeu).
-
-
Prospecter et fidéliser différemment :
-
Il faut adopter des approches innovantes comme le growth hacking.
-
Par exemple, j’ai organisé un webinaire pour 30 € en utilisant Zoom, Google Forms, Canva et des partenariats, attirant 205 participants.
-
Astuces :
- Travaillez sur l’effet WOW pour fidéliser (inspiré du livre Ces moments qui comptent). Le but est de créer des moments mémorables (ex. : Frédéric envoie son livre dans une enveloppe dorée avec une dédicace personnalisée et un bonus surprise), et surprenez vos clients avec des attentions inattendues pour encourager le bouche-à-oreille.
-
Combinez réseaux sociaux, outils de growt hacking et partenariats pour maximiser l’impact à faible coût.
-
-
Repensez l’organisation :
-
Vous devez passer d’un modèle hiérarchique à un modèle en réseau, favorisant la collaboration.
- Encouragez les initiatives collaboratives en déléguant des projets à des équipes pluridisciplinaires.
-
Formez les équipes aux situations complexes (ex. : gestion de conflits, demandes difficiles), car l’IA automatisera les tâches simples.
-
-
Privilégiez le low-tech et la sobriété :
-
Principe : Éviter la sur-optimisation (flux tendu) et les technologies coûteuses au profit de solutions simples, pérennes et accessibles.
-
Exemple : Dans la relation client, un SVI visuel (envoi d’un SMS pour une démarche autonome) est plus efficace et moins cher qu’un callbot complexe.
-
Astuces :
-
Utilisez des outils comme Restream (15 €/mois) pour des webinaires live avec replay.
- Utilisez des outils low-cost : Canva (vs Photoshop), Make.com (vs Zapier), Grok, Deepseek.
- Inspirez-vous de modèles comme Darty, qui mise sur la réparation, les services récurrents et les franchises pour diversifier ses revenus.
-
Anticipez la fin de l’énergie abondante en réduisant la dépendance aux technologies énergivores.
- Privilégiez des solutions simples et pérennes via le low techn (ex. : Restream pour faire des webinaire, le SVI visuel versus les callbots…).
-
-
-
Faire un audit de résilience sur 5 axes : culture d’entreprise, chiffres, marketing, équipes, business model.
-
Voici quelques questions clés à se poser :
-
Que se passe-t-il si vous perdez 30 % de votre chiffre d’affaires ?
-
Que se passe-t-il si vos charges augmentent de 10-20 % ?
-
Quel est votre seuil de rentabilité minimum ?
-
Quelles sont vos charges fixes incontournables ?
-
-
Vous pouvez accéder à un audit gratuit via bit.ly/auditresilience
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter ce dossier https://www.conseilsmarketing.com/decroissance/adapter-son-business-dans-un-monde-en-deconsommation-les-vrais-enjeux/
Conclusions et conseils finaux pour améliorer sa résilience face aux polycrises à venir
Chaque intervenant a proposé un conseil clé pour renforcer la résilience :
-
Nicolas : Focus sur les soft skills.
-
Investissez dans les compétences humaines (collaboration, communication, créativité).
-
Révélez le potentiel des collaborateurs en les plaçant aux bons postes, même en période de décroissance.
-
-
Michael : Réalisez un diagnostic digital.
-
Utilisez un diagnostic à 360° pour identifier vos forces et faiblesses.
-
L’innovation numérique et l’IA sont des leviers essentiels pour rester compétitif.
-
-
Frédéric : Adoptez le degrowth hacking.
-
Utilisez des méthodes agiles et low-cost pour prospecter et innover.
-
Remettez en question votre business model pour anticiper les changements.
- Mettez en place le deGrowth Hacking !
-
Passez l’action avec mon livre “Adapter son business dans un monde en déconsommation” + ma formation vidéo sur ce lien.
Consultez les slides et le replay du webinaire sur la résilience en entreprise !
Voici le replay du webinaire sur la résilience face à la crise :
Voici les slides du webinaire :