L’intelligence collective pour sauver la planète ! – Olivier Zara

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L’intelligence collective pour sauver la planète ! C’est le nom du dernier livre d’Olivier Zara.

Olivier a eu la gentillesse de répondre à quelques questions reprenant les concepts clés de son livre.

Il explique que nous devons prendre les bonnes décisions dès maintenant pour ne pas être pris par l’urgence et la peur des défis climato-sociaux-énergétiques à venir, qui conduirait à de mauvaises décisions.

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La prise de décision est liée à la subsidiarité : qui est responsable. La conception de la décision devrait se faire en intelligence collective plutôt que dans une tour d’ivoire

C’est une forme d’intelligence qui émerge grâce à la mise en commun des connaissances, des compétences, des expériences et des perspectives des membres d’un groupe.

Elle repose sur l’idée que la somme des contributions individuelles peut générer des solutions et des idées plus riches et plus innovantes.

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Les meilleurs exemples sont par exemple Wikipedia, les logiciels open sources…

Vous pouvez retrouver son livre sur ce lien :

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1 – Est-ce que tu pourrais te présenter ?

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Je suis un consultant et un formateur en management, mais je préfère me présenter comme un architecte des décisions complexes.

Ma mission consiste à aider les organisations à gérer leurs risques décisionnels sur les décisions qui impliquent de nombreuses parties prenantes.

J’ai publié 14 livres, dont

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Pour les curieux : https://www.linkedin.com/in/olivierzara/ !

2 – Tu es un expert de l’intelligence collective, pourquoi écrire un livre sur les enjeux climatiques ?

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J’ai écrit ce livre parce que je pense que nous ne prenons pas la bonne direction face aux enjeux climatiques.

J’irai jusqu’à dire que nous faisons tout l’inverse de ce que nous devrions faire parce que nous sommes trop logiques !

La transition écologique est un problème global, planétaire.

Il semble donc logique d’y apporter une réponse globale, planétaire.

Malheureusement, cela ne fonctionne pas !

Je ne dis pas qu’il ne faut plus agir au niveau global ou national, mais que c’est insuffisant.

Par ailleurs, nous constatons régulièrement des remises en cause, des promesses non tenues. Voici quelques exemples :

  • Au niveau international, année après année, on ne peut pas dire que les COP soient un immense succès. À la fin de chaque rencontre, de nombreux participants font la queue pour entrer dans le bureau des pleurs.

  • Au niveau européen, en 2023, on décide de la fin des moteurs thermiques en 2035. Moins d’un an après, l’Italie, la Pologne et l’Allemagne sont en train de faire marche arrière parce que les ventes de voitures électriques s’effondrent.

  • Au niveau national, prenons l’exemple français avec le résultat de la Convention citoyenne pour le climat ou celui de la taxe carbone sur les carburants qui a provoqué la révolte des gilets jaunes.

“La folie consiste à faire toujours plus de la même chose, puis de s’attendre à un résultat différent“, disait Einstein.

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Certes, nous avançons au niveau international, européen et national, mais c’est trop lent, trop mou, trop long… donc ce sera trop tard en particulier à cause des scénarios d’emballement.

La raison de tout cela est simple : la recherche d’un consensus impose sans cesse des compromis à la baisse et les alternances politiques conduisent à la modération pour éviter une déroute électorale ou à l’abandon pur et simple des mesures déjà prises (cf. retrait des États-Unis de l’Accord de Paris de 2015 quand Trump a pris le pouvoir en 2017).

La logique voudrait que nous traitions au niveau global un problème global, mais les résultats obtenus montrent qu’on doit agir au niveau local parce que tout ce que nous avons fait jusqu’à présent manque d’ambitions et avance trop lentement.

Ainsi, je suis convaincu que la transition écologique sera locale ou ne sera pas.

Il s’agit de renverser la pyramide.

Les niveaux international et national doivent se mettre au service du local qui devient le pilote, le leader de cette transition.

Nous faisons actuellement tout l’inverse.

3 – Face au manque d’efficacité du niveau global, on pourrait avoir le même résultat au niveau local, quels sont les éléments qui permettent de prédire une réussite ?

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Les journalistes connaissent bien la loi de proximité : les informations ont plus ou moins d’importance suivant leur proximité par rapport au lecteur.

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Cette loi est liée à de nombreux biais cognitifs.

Cette proximité est généralement décomposée en quatre axes :

  • géographique,
  • temporel,
  • affectif,
  • sociétal/socio-professionnel.

Pour l’axe géographique, les journalistes parlent de mort kilométrique, c’est-à-dire qu’un mort dans un rayon d’un kilomètre intéressera plus que dix mille morts sur un autre continent.

De ce fait, si nous voulons mettre en action les citoyens pour éviter que notre planète devienne inhabitable, il serait préférable de co-construire avec eux un futur désirable… là où ils habitent, avec ceux qui les entourent (proximité géographique, familiale et sociétale).

Ils seront motivés parce que ce futur n’est pas celui de la planète, mais celui de leur ville et parce que le projet d’adaptation commencera à produire ses premiers effets rapidement et non pour les générations futures (proximité temporelle).

Ils ne profiteront peut-être pas de tous les bénéfices liés à leurs efforts, mais au moins de quelques-uns.

4 – L’idée est intéressante, mais les villes ont peu de moyens. Comment peut-on créer les conditions d’une réussite ?

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Je pense que l’heure des villes franches a de nouveau sonné !

En Europe, au Moyen-Âge, les villes franches étaient des zones urbaines dotées de droits et de privilèges spéciaux qui les distinguaient du reste du territoire.

Certaines villes avaient un pouvoir d’autogestion.

L’objectif serait donc de faire « renaître » le concept de ville franche en l’orientant vers une autonomie accrue dans le périmètre des actions nécessaires pour gérer les enjeux climatiques.

Dans l’idéal, le niveau d’autonomie devrait être tout proche des subdivisions administratives d’un État fédéral (provinces / länder / cantons), car les enjeux climatiques touchent de très nombreux domaines et nous devons agir avec une approche holistique et systémique.

Le périmètre de l’autonomie d’une ville franche devrait donc être défini en faisant le distinguo entre ce qui est régalien (armée, police, justice…) et ce qui ne l’est pas.

Il s’agit donc d’une très grande autonomie, une vraie révolution dans les pays centralisés.

Cependant, l’autonomie pour le non-régalien concernera uniquement les enjeux climatiques, c’est-à-dire une liberté de décision et d’action si le territoire peut démontrer un impact positif pour la transition écologique.

Comme il s’agit d’une autonomie thématique, on pourrait la qualifier d’autonomie écologique, même si la décision concerne l’agriculture, l’industrie, l’urbanisation, l’emploi, etc. du fait des impacts systémiques sur le climat.

Trois villes-États allemandes pourraient nous inspirer :

  • Berlin,
  • Hambourg,
  • Brême.

Du fait de leur taille, elles disposent de la même autonomie que les länder.

Le concept de cité-État ou de ville-État existe dans d’autres parties du monde, comme à Singapour, à Monaco ou au Vatican.

Nous pouvons également mentionner Ceuta et Melilla, deux villes autonomes espagnoles situées au Maroc, ainsi que la ville de Bâle qui se trouve dans le canton de Bâle-Ville.

Bâle est ainsi à la fois une ville et un canton suisse.

L’objectif est de créer des villes franches qui soient autonomes pour toutes les décisions concernant les enjeux climatiques et la mise en place d’un nouveau projet de société compatible avec le Donut.

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On pourrait s’imaginer que toutes les villes voudront devenir des villes franches.

Ce serait oublier les villes qui ont refusé le passage de lignes ferroviaires sur leur territoire au 19ème siècle pour de multiples raisons, mais qui étaient toutes alimentées par la peur du changement.

Nous aurons donc les villes adoptantes précoces (early adopters), les suiveuses et les réfractaires.

L’État s’occupera donc de déployer au niveau national les réussites au sein des villes franches qui fonctionneront ainsi comme des laboratoires d’innovation publique.

Bien sûr, on peut douter de la mise en œuvre du concept dans des États aussi centralisés que la France, mais je n’ai pas écrit ce livre en pensant à un pays en particulier.

Dans les États fédéraux, comme le Canada, j’imagine que l’idée fera son chemin plus facilement et montrera l’exemple à d’autres pays.

5 –Le sous-titre de ton livre est « Manifeste pour un futur désirable », que signifie « futur désirable » pour toi ?

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La réponse sera très courte : je n’en sais rien !

Pour éviter « l’écologie punitive » ou la dictature écologique, il faudra co-construire ce futur désirable avec les citoyens de chaque ville.

Il n’y aura pas un seul futur désirable, mais plusieurs adaptés aux contextes, aux contraintes et surtout à la volonté du peuple, que ce soit au niveau local ou national. Ainsi, on pourrait également dire que la transition écologique sera démocratique ou ne sera pas ! Cela explique que je mentionne le concept d’intelligence collective dans le titre de mon livre.

Nous avons besoin de l’intelligence collective pour sauver la planète… en partant du local pour mieux déployer ensuite au niveau global.

Co-construire un futur désirable permettra de réduire nos vulnérabilités, d’être plus résilient et de mieux gérer les risques sur les projets complexes liés à une transition écologique et sociale.

En effet, dans ces situations, le problème principal n’est pas de trouver des solutions, mais de les implémenter.

6 – Pourquoi les dirigeants politiques accepteraient-ils de changer leur façon de décider en mobilisant l’intelligence collective ?

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Alors que nous étions dans un monde stable, en croissance, avec peu de guerres et des énergies abondantes à bas prix, toutes les décisions politiques prises dans les 50 dernières années nous ont conduits là où nous sommes aujourd’hui :

  • guerre en Ukraine,
  • crise climatique,
  • instabilité géopolitique,
  • et surtout problèmes économiques, sociaux, énergétiques et environnementaux (biodiversité).

Si les processus décisionnels mis en œuvre dans les 50 dernières années (rapport d’experts, sondages, lobbying…) sont utilisés à l’identique dans les 50 prochaines années dans un monde volatil, incertain, complexe et ambigu, à ton avis, que va-t-il se passer ?

Tu connais la réponse puisque cela se passe déjà !

À tous ceux qui termineront la lecture de cette interview en se disant que tout cela est utopique, qu’on est foutu, qu’on ne peut plus rien faire, que la technologie nous sauvera ou qu’il faudrait simplement une bonne dictature écologique, je propose de lire quelques témoignages sur le bas de cette page : http://www.axiopole.com/book/detail/l-intelligence-collective-pour-sauver-la-planete

7 – Peux-tu nous en dire plus sur ton offre de service ?

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J’ai écrit ce livre avec l’envie de contribuer à la transition écologique et sociale.

Depuis plus de 20 ans, j’aide les entreprises à être plus productivistes, plus extractivistes.

Je souhaite maintenant les aider à être plus résilientes face aux défis climatiques et les encourager à créer un futur désirable pour leurs clients et pour nous tous.

Mes conférences et formations sont présentées sur cette page : http://www.excellence-decisionnelle.com/2020/10/18/sommaire/.

Tes lecteurs y trouveront le référentiel des 17 compétences qui permet d’atteindre l’excellence décisionnelle dans les situations complexes et incertaines, comme celles de la transition écologique et sociale : http://www.excellence-decisionnelle.com/2023/10/10/referentiel-de-competences-excellence-decisionnelle/

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