Comment anticiper la déconsommation à venir ? – Interview de Vincent Mignerot

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Comment anticiper la déconsommation à venir ? Pour répondre à cette question, j’ai demandé l’avis à Vincent Mignerot – Vincent-Mignerot.fr, un essayiste français et expert des thématiques liées à la synesthésie et à la collapsologie.

Vincent est également le créateur et membre de l’AssociationAdrastia, qui s’intéresse aux questions de l’effondrement de la civilisation et aux moyens de l’anticiper ou de le gérer.

Il a également créé le site https://www.defienergie.tech/ qui est dédié à la transition énergétique.

Ses recherches et écrits explorent les interactions entre les sociétés humaines et leur environnement, ainsi que les défis écologiques et sociétaux auxquels nous sommes confrontés.

Vincent a rédigé en particulier le livre “L’énergie du déni” (12 €)

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Lors de cette interview, Vincent Mignerot nous offre une analyse approfondie et sans concession des enjeux contemporains liés à l’écologie, à la société et à l’économie.

Voici un résumé des différents sujets abordés lors de ce passionnant échange.

Vincent exhorte à une remise en question des croyances personnelles et collectives, en particulier celles qui soutiennent l’idée d’une consommation infinie, qu’il considère comme irréaliste dans le contexte actuel.

La décroissance, souvent perçue avec réticence en raison de l’aversion humaine naturelle à la perte, représente un changement de paradigme majeur.

Il interprète la décroissance comme un processus marqué par l’apparition de contraintes qui exercent une influence significative sur la configuration et le fonctionnement de la société. En d’autres termes, la décroissance représente une transformation profonde de la manière dont notre société s’organise et opère. La notion de décroissance va bien au-delà de la simple réduction de la croissance économique.

Elle englobe également un arrêt ou un ralentissement de l’expansion de notre capacité d’agir, que ce soit sur le plan économique, matériel, physique, ou même en ce qui concerne nos niveaux de confort.

En effet, elle remet en question notre course effrénée vers toujours plus, invitant à réfléchir sur la manière dont notre quête incessante de progrès matériel et économique peut avoir des conséquences néfastes sur l’environnement et les ressources limitées de notre planète.

Il décrit la décroissance comme étant la réduction des avantages et des acquis précédemment obtenus dans une société axée sur la croissance. Cela signifie que les valeurs et les objectifs traditionnellement associés à une expansion sans fin sont remis en question, au profit d’une approche plus équilibrée et durable de la vie en société.

La décroissance vise à réorienter nos priorités vers des objectifs de bien-être collectif, d’harmonie avec la nature, et de durabilité, au lieu de l’obsession constante pour l’accumulation de biens matériels et de richesses.

Elle encourage une réflexion profonde sur la manière dont nous choisissons de vivre et d’interagir avec notre monde, dans le but de préserver notre planète pour les générations futures.

Vincent Mignerot souligne que la motivation des individus est souvent axée sur les gains immédiats, plutôt que sur la prise en compte des conséquences à long terme pour eux-mêmes et pour les générations futures.

Cette prédisposition psychologique a des répercussions significatives sur nos décisions, tant au quotidien que dans nos choix stratégiques. Elle encourage souvent des décisions qui favorisent les avantages immédiats, mais au détriment des bénéfices à long terme.

Cela devient particulièrement problématique à la lumière de la crise énergétique, de la réduction de la biodiversité et du réchauffement climatique.

Actuellement, les valeurs culturelles et sociales tendent à associer le succès à l’accumulation de biens matériels et à une culture de consommation effrénée.

Cette perspective est en contradiction avec les valeurs que nous devrions promouvoir. Les valeurs sociétales jouent un rôle essentiel dans notre compréhension du progrès et du bien-être collectif.

Il est donc impératif de réfléchir à la manière dont ces valeurs culturelles et sociales peuvent influencer nos choix, et de les remettre en question.

Pour opérer un changement significatif vers des pratiques plus durables, il est nécessaire de transformer nos valeurs collectives. Cela implique un déplacement de l’accent actuellement mis sur la consommation matérielle et l’accumulation de biens vers des notions de réussite qui sont davantage respectueuses de l’environnement et des autres.

Vincent Mignerot met en avant l’idée que pour construire un avenir durable, il est crucial de repenser ces valeurs et de les orienter vers des objectifs plus en accord avec la préservation de notre planète et le bien-être à long terme.

Cela nécessite un changement de perspective et un réalignement de nos priorités pour favoriser une harmonie avec la nature, la durabilité et le bien-être collectif plutôt que la recherche incessante de la consommation et de la richesse matérielle. En fin de compte, la transformation de nos valeurs culturelles et sociales est un élément essentiel pour relever les défis environnementaux et sociétaux actuels.

Il propose que pour opérer un changement significatif vers des pratiques plus durables, il est nécessaire de reconsidérer et de transformer nos valeurs collectives, en déplaçant l’accent mis sur le consumérisme vers des notions de réussite plus respectueuses de l’environnement et d’autrui.

Le concept de Vergonha, même s’il n’est pas nominalement cité dans l’interview, est présenté comme un facteur qui pourrait déclencher un changement.

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La Vergonha, bien que souvent oubliée de nos jours, demeure une valeur précieuse et une émotion essentielle qui jouait un rôle central dans certaines sociétés anciennes.

Elle va bien au-delà de la simple honte ou gêne que nous pouvons ressentir lorsque nous commettons une action jugée inappropriée.

En réalité, elle englobe une notion plus profonde qui tient à la crainte que nos actes d’aujourd’hui puissent avoir des conséquences négatives sur notre réputation et notre statut social dans le futur. Cette appréhension est enracinée dans le présent, car elle nous incite à réfléchir aux conséquences potentielles de nos actes actuels sur notre vie à venir.

Elle nous encourage à agir de manière responsable et à prendre en considération les répercussions de nos décisions.

La Vergonha pousse les individus à être attentifs à leur comportement, à leurs interactions avec autrui, et à l’impact de leurs actions sur la société.

Dans un monde où les valeurs évoluent et où les préoccupations sociales changent, la redécouverte et l’appréciation de la Vergonha peuvent nous aider à cultiver une plus grande conscience de notre responsabilité envers notre propre avenir et envers la société dans son ensemble.

Elle nous rappelle que nos actions ont des conséquences, et qu’il est essentiel de réfléchir à la façon dont nous souhaitons être perçus et comment nous voulons contribuer positivement au monde qui nous entoure.

Il représente la peur de la honte future, comme un principe qui pourrait guider les décisions en prenant en compte les conséquences à long terme de nos actions actuelles.

L’un des principaux obstacles à la décroissance est le modèle économique et social sur lequel nos sociétés sont construites, qui repose sur une croissance continue. Modifier cette structure nécessitera une refonte significative des pratiques commerciales et des indicateurs de réussite.

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La résistance au changement est un autre défi majeur, car elle est ancrée dans la peur de l’inconnu et du risque de pertes immédiates, malgré les bénéfices potentiels à long terme.

Le marketing aura un rôle à jouer pour faire évoluer les mentalités, mais il nous met en garde contre l’utilisation de récits trop “positifs” (où il n’y aura que des gagnants avec la crise à venir), et qui pourraient masquer les problèmes auxquels nous allons faire face.

L’avenir ne sera pas rose pour tout le monde, il faut être réaliste, et oser dire qu’il n’y aura pas que des gagnants.

Face à ces défis, l’intervenant propose des solutions pragmatiques pour les entreprises. Il suggère de redéfinir le succès non plus en termes de gains financiers immédiats, mais en fonction de critères durables et holistiques.

Les modèles commerciaux doivent être revus de manière fondamentale pour privilégier la résilience et la création de valeur à long terme.

Il sera essentiel pour les entreprises vertueuses de développer de la résilience et de l’adaptabilité face aux contraintes écologiques croissantes qui vont émerger.

Il soutient que la résilience pose en elle-même un défi. Cela s’explique par le fait qu’elle est intrinsèque à nos sociétés, qui ont la capacité de s’adapter face aux difficultés.

Le problème de la résilience réside dans le fait que si l’objectif à long terme est la durabilité écologique, davantage de résilience dans la société peut signifier moins d’écologie demain, au lieu d’une perspective plus écologique.

Vincent nous met en garde contre les fausses bonnes idées, telles que l’essai d’exploiter le pétrole jusqu’à la dernière goutte pour maintenir notre niveau de vie.

Il faut au contraire accepter la fin de l’abondance, et revoir les modèles économiques des entreprises, sinon nous allons prolonger des pratiques nuisibles à notre avenir, alors qu’il faut changer nos modèles économiques, nos produits, nos services…

Les entreprises et les marketeurs doivent anticiper un monde avec des ressources limitées et repenser leurs opérations pour s’adapter à un futur où les ressources seront de plus en plus rares et difficiles à obtenir.

Il est également crucial d’investir dans l’éducation et la formation pour encourager un état d’esprit qui valorise l’autonomie et la capacité d’apprendre de ses erreurs.

Pour inspirer et motiver les entreprises à adopter la décroissance, il est recommandé de promouvoir des valeurs de durabilité et de solidarité communautaire. Ces valeurs peuvent aider à surmonter les frustrations matérielles liées à la décroissance.

L’intelligence collective dans la prise de décision permettra de trouver un équilibre entre la complexité des structures sociales et la nécessité de réduire notre impact environnemental.

Vincent met en avant l’importance d’investir dans des solutions plus simples et low-tech, qui sont plus durables et moins gourmandes en ressources. Il prône l’utilisation de l’intelligence collective pour équilibrer la complexité et la durabilité, en prenant des décisions qui tiennent compte des impacts à long terme sur la société et l’environnement.

D’où la nécessité de remettre en question les croyances actuelles sur la croissance et la consommation. Dans le passé, les croyances avaient leur utilité, car elles étaient porteuses et motivaient, en particulier les croyances en la liberté et en une croissance économique infinie pour notre modèle économique. Ces croyances étaient bénéfiques et avaient des effets positifs. Cependant, aujourd’hui, elles sont contre-productives, car elles ne correspondent plus à la réalité que nous expérimentons.

Il incite vivement les entreprises à entreprendre une déconstruction minutieuse de ces croyances qui peuvent parfois sembler rassurantes à court terme, mais qui se révèlent souvent en désaccord avec les réalités écologiques et économiques à moyen et long terme.

La première étape consiste à renoncer à des approches simplistes et à adopter une vision plus en phase avec les défis auxquels nous sommes confrontés.

Il est crucial de se focaliser sur une compréhension brutale et objective de la réalité, même si celle-ci peut être difficile à accepter.

Cela signifie mettre de côté les idées préconçues, par exemple l’idée d’une “croissance verte” ou la foi en une technologie miracle qui résoudra tous nos problèmes.

Ces croyances, bien que séduisantes, peuvent s’avérer trompeuses et nous conduire, malgré nous, vers des voies qui ne servent pas nos intérêts à long terme.

La réalité écologique actuelle exige une prise de conscience et une adaptation significative de nos modes de fonctionnement, que ce soit au niveau des entreprises ou de la société dans son ensemble. Il est temps de mettre en avant des solutions durables et réalistes qui nous permettront de préserver notre environnement, de garantir la prospérité à long terme et de répondre aux défis économiques tout en respectant les limites de notre planète.

Cette démarche exige un changement de mentalité, la remise en question de certaines croyances préconçues, et un engagement envers des pratiques qui sont véritablement en accord avec notre bien-être collectif et celui de notre planète.

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