Comment le passé nous permet de prévoir et d’anticiper la déconsommation à venir ? Interview de Laurent Testot, spécialiste de l’histoire globale.

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Comment le passé nous permet-il de prévoir et d’anticiper la déconsommation à venir ?

C’est la question que j’ai posée à Laurent Testot, spécialiste de l’histoire globale.

Vous pourrez retrouver ci-dessous un résumé de notre échange (1 heure), avec quelques informations complémentaires que j’ai ajoutées sur l’histoire globale, l’anthropocène…

Laurent Testot, spécialiste de l’histoire globale

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Laurent Testot est un journaliste spécialisé en histoire globale et prospective, connu pour son approche qui relie ces deux domaines.

Il explique que l’histoire globale permet de mieux comprendre l’histoire des civilisations et leurs interactions avec l’environnement, ainsi que l’émergence de la société thermo-industrielle actuelle.

L’histoire globale permet de prendre du recul et de mieux appréhender ce qui est arrivé par le passé (avec des interactions entre des nations, événements géologiques… parfois très éloignées géographiquement), et ainsi anticiper le futur.

Dans cette interview, Laurent Testot explique l’importance de prendre en compte ce qu’il s’est passé dans notre histoire pour relever les défis écologiques, économiques et sociétés des années à venir.

Il mentionne également ses derniers ouvrages qui abordent l’avenir de l’humanité par son passé :

  • “Cataclysmes : une histoire environnementale de l’humanité”, publié en 2017, qui est une synthèse de l’histoire environnementale globale (22 € sur Amazon)

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  • “Collapsus”, codirigé avec Laurent Aillet en 2020, qui aborde la question de l’effondrement en donnant la parole à des spécialistes du sujet (19 € sur Amazon).

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  • En 2023, Laurent Testot a publié deux livres, l’un est coécrit avec Nathanael Wallenhorst, intitulé “Vortex : Faire face à l’anthropocène”. 24 euros sur Amazon
    • Ce livre est décrit comme un manuel de l’anthropocène qui explique ce concept à partir des sciences physiques et appelle à une prise de conscience et à une politisation de cette notion pour éviter le “vortex”, métaphore d’un chaos vers lequel l’humanité serait aspirée.

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  • El Niño : histoire et géopolitique d’une bombe climatique. 17 € sur Amazon.
    • Historiquement, El Niño a été associé à des périodes de rupture et d’effondrement dans diverses civilisations, et au XXe siècle, il a exacerbé des bouleversements politiques, économiques et militaires.
    • Ce livre, co-écrit par Laurent Testot et Jean-Michel Valantin, spécialistes des interactions entre humanité et environnement, explore les implications de ce phénomène climatique et les défis qu’il pose pour les sociétés actuelles, notamment en termes de tensions internationales, migrations environnementales et guerres de l’eau.

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Laurent Testot démocratise le concept d’anthropocène pour le public, en expliquant que l’humanité est devenue la première force de changement sur la planète, affectant les écosystèmes, le climat, les océans, les sols, et la biodiversité.

Il souligne l’importance de se préoccuper de notre impact sur la Terre, car nous altérons son habitabilité, ce qui est un enjeu majeur pour la survie de notre espèce.

C’est quoi anthropocène ?

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L’anthropocène, un concept émergent qui trouve ses racines dans la géologie, émerge comme une notion profondément transformatrice, embrassant non seulement les domaines des sciences physiques, mais également des sciences humaines.

Ce terme “anthropocène” reconnaît de manière explicite que l’humanité occupe une place centrale en tant que principale force de changement sur notre planète.

Ce changement n’est pas limité à un impact environnemental, il englobe également des répercussions socio-économiques et politiques étendues.

Il incite à réfléchir sur la capacité de l’humanité à remodeler activement les écosystèmes et à influencer directement et négativement l’habitabilité de la Terre, marquant ainsi une étape majeure dans notre compréhension du rôle de l’homme sur la planète.

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L’anthropocène est visible dans le sol, voici une couche de terre avec des détritus en plastique pris entre une couche de calcaire et une couche de marne grise – wikipedia

L’anthropocène permet de regrouper sous un seul nom notre situation actuelle avec certes le réchauffement climatique, la partie émergée de l’iceberg, mais aussi d’autres éléments qui sont tout aussi menaçants comme l’effondrement de la biodiversité, de pollutions chimiques, l’acidification de l’océan…

L’anthropocène met en lumière l’impératif pressant de repenser nos approches en matière de politiques publiques.

Les enjeux environnementaux que nous affrontons, tels que le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité, sont intrinsèquement liés et leurs effets se chevauchent de manière complexe.

Par exemple, le réchauffement climatique est un problème majeur qui va accélérer l’érosion de la biodiversité. Inversement, l’érosion de la biodiversité contribue à son tour au changement climatique.

Cependant, les politiques conçues pour aborder ces défis sont souvent simplistes et négligent ces interactions cruciales.

C’est ici que l’anthropocène offre un cadre conceptuel riche et puissant.

Il nous encourage à adopter des politiques intégrées et pluridisciplinaires, capables de réfléchir aux conséquences globales de nos actions (voir cette interview de Vincent Mignerot sur ce qu’il faudra anticiper dans un contexte de déconsommation).

Au lieu de traiter les problèmes de manière isolée, il nous invite à envisager des solutions qui tiennent compte des interactions complexes entre différents paramètres.

Cette approche transcendant les disciplines est essentielle pour élaborer des politiques plus cohérentes et efficaces.

Prenons l’exemple concret de la biodiversité et du climat. Au lieu de concevoir des mesures pour remédier à chaque problème individuellement, une perspective anthropocénique nous invite à les considérer comme un système interconnecté.

Les politiques environnementales doivent reconnaître que la perte de biodiversité peut non seulement accélérer le changement climatique, mais également être amplifiée par ce dernier.

Par conséquent, des stratégies globales et cohérentes sont nécessaires pour atténuer ces effets cumulatifs.

Pourquoi l’histoire globale nous permet de mieux comprendre les défis à venir liés à la déconsommation, à la fin de l’énergie abondante… ?

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L’anthropocène nous invite à utiliser la notion d’histoire globale afin de mieux comprendre les impacts de ce phénomène à grande échelle.

Une définition possible concernant l’histoire globale est la suivante : l’histoire globale est une approche historique qui étudie les processus et les interactions à l’échelle mondiale, en mettant l’accent sur les connexions transnationales, les échanges culturels, et les influences réciproques entre différentes régions et civilisations à travers le temps.

L’histoire globale diffère de l’approche historique traditionnelle, qui se concentre souvent sur l’analyse d’archives spécifiques et d’événements isolés.

L’histoire globale, nous encourage à considérer les liens entre les événements passés et les défis actuels.

Elle met en avant la nécessité de dépasser les frontières disciplinaires et géographiques pour développer des solutions plus holistiques.

L’anthropocène s’impose ainsi comme un outil pour repenser nos politiques et nos approches, en vue de mieux répondre aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés.

L’histoire globale représente une perspective qui nous permet d’appréhender les phénomènes historiques à une échelle véritablement mondiale et multidisciplinaire.

En contraste, la pratique conventionnelle de l’histoire repose essentiellement sur l’analyse minutieuse des archives, une démarche qui tend naturellement à restreindre le champ d’études à des sujets d’ampleur relativement limitée, en fonction des ressources et de la capacité de l’historien ou des historiens, surtout lorsqu’il s’agit d’un travail collaboratif pour exploiter certaines catégories d’archives.

L’histoire globale, de nature transdisciplinaire, transcende ces limitations en faisant converger différentes disciplines pour tisser un récit qui s’étend sur un vaste éventail d’échelles, allant de l’individu au niveau mondial.

Elle nous permet d’explorer les interactions complexes entre des événements et des phénomènes historiques, tout en intégrant des perspectives variées, ce qui enrichit considérablement notre compréhension de l’histoire dans son ensemble.

Par conséquent, l’approche de l’histoire globale se caractérise par une exploration sur le temps long et à travers de vastes étendues géographiques, ce qui revêt une importance fondamentale.

Cette démarche consiste à offrir une perspective à différents niveaux et à différentes échelles.

Par exemple, si un vigneron observe un décalage dans les dates de vendanges, cela peut être lié à une série d’événements météorologiques ou climatiques spécifiques qui prennent leur source à des milliers de kilomètres.

L’effondrement, un phénomène qui a touché plusieurs civilisations par le passé

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Laurent aborde également la notion d’effondrement, qu’il définit comme un changement radical de nature d’une civilisation suite à des chocs multifactoriels, comme

  • les changements climatiques,
  • les guerres,
  • les révoltes populaires,
  • l’érosion des sols

Ces facteurs combinés peuvent mener à des crises majeures, comme celles vécues par les Mayas, des événements historiques souvent cités dans les discussions sur l’effondrement des civilisations.

Laurent Testot mentionne le travail de Jared Diamond (avec certaines limites comme son analyse sur l’ile de Pâques qui a été remis en cause depuis), qui dans son livre “Effondrement”, propose une grille d’analyse avec cinq catégories de facteurs pouvant provoquer un effondrement.

Il est important de noter que nous n’avons jamais été confrontés à un effondrement imminent d’une civilisation thermo-industrielle.

Dans le passé, certaines civilisations agraires, malgré des activités commerciales significatives qui contribuaient à leur prospérité, ont fini par s’effondrer à un moment donné.

Ces effondrements étaient souvent déclenchés par des bouleversements climatiques, tels que des éruptions volcaniques provoquant un refroidissement temporaire de la planète.

Bien que temporaire, quand cette perturbation climatique persistait pendant une décennie ou plus, et que les récoltes étaient presque inexistantes, cela suffisait à mettre en péril la stabilité des sociétés et à les précipiter vers un déclin civilisationnel.

« En cette fin d’année 2023, nous sommes déjà au-delà de 1,5°C, et nous allons le rester tout l’hiver à cause du phénomène El Niño.

Vers 2040-2050, nous atteindrons quoi qu’il arrive les 2°C. Tout l’enjeu est de prendre les bonnes décision maintenant, afin de ne pas aller au-delà de ces 2°C durant la seconde moitié du XXIe siècle.

Si le climat de la Terre passe à plus de 2 degrés, la vie va devenir un vrai enfer.

Cependant, il est difficile d’être optimiste, car l’histoire actuelle montre que l’égoïsme des nations (ex: Vladimir Poutine, Xi Jinping…) prend le pas sur le réalisme, ce qui risque de nous pousser au chaos.

Comment l’histoire globale peut nous permettre d’anticiper l’effondrement à venir ?

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Par le passé, certaines civilisations, comme la Chine, ont développé des systèmes pour faire face à ces crises, notamment en Chine en stockant des grains pour plusieurs années.

Ces réserves permettaient de pallier les mauvaises récoltes et d’éviter les révoltes en distribuant du grain lorsque les prix sur les marchés commençaient à spéculer sur la rareté des ressources.

Laurent mentionne ainsi l’historien Tim Brook, qui a identifié et étudié plusieurs “bourbiers” dans l’histoire de la Chine, des périodes de crise profonde marquées par des famines, des révoltes et des invasions.

Il fait le parallèle avec la situation actuelle, où la Chine, consciente de l’histoire de ces crises (il y a une mémoire collective vivace) et des risques d’un nouveau “bourbier”, se prépare activement en accumulant des stocks de grains (1,5 an), en développement sa zone d’influence maritime…

La Chine a ainsi édifié des mini-îles artificielles et une méga flotte de pêche pour sécuriser les ressources alimentaires et revendiquer des pans entiers de la haute mer qui sont actuellement des biens communs internationaux.

Laurent critique ainsi la naïveté de l’Occident, en particulier de l’Europe, qui tend à penser que de tels événements appartiennent au passé.

Aujourd’hui, un débat crucial se tient au sein d’une instance internationale axée sur la gestion des ressources potentielles.

Cela survient alors que les ressources océaniques, exploitées à un rythme soutenu, montrent des signes de diminution imminente, voire de pénurie.

La nécessité d’une régulation se fait pressante afin de prévenir l’effondrement des stocks de la plupart des espèces de poissons pêchées.

Cependant, l’enjeu qui sous-tend cette question va bien au-delà.

Par exemple, les dernières tendances sont à explorer les ressources minérales des grands fonds marins, qui abritent une variété de ressources, notamment des métaux rares et des terres rares.

Ces précieuses substances pourraient jouer un rôle essentiel dans la mise en œuvre d’une transition énergétique à grande échelle, offrant ainsi des perspectives significatives pour l’avenir.

Mais en même temps, l’exploitation de mines sous-marines dans les grands fonds vont à coup sûr détraquer les écosystèmes à grande échelle.

Le capitalisme est-il l’unique responsable de l’effondrement à venir ?

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Il est important de noter que le capitalisme en soi n’est pas exclusivement responsable de notre situation actuelle.

Il fait partie intégrante du problème, mais il n’est pas possible de le rendre unique responsable de la situation.

Il est envisageable de promouvoir une forme de capitalisme régulé, soumis à des politiques qui visent à résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés.

En fait, c’est peut-être la seule voie pour sortir de l’impasse que vison dans l’anthropocène.

Nous vivons une époque où les préoccupations environnementales, énergétiques… doivent prendre le pas sur les considérations économiques.

Pendant les deux derniers siècles, le droit a souvent accordé la priorité aux entreprises.

Un exemple concret de cette priorité est l’utilisation de produits phytosanitaires, d’engrais… dans l’industrie agroalimentaire.

Les agriculteurs se trouvent dans l’obligation d’utiliser ces produits pour atteindre les normes de productivité imposées par les marchés internationaux.

Ces produits phytosanitaires, tels que les herbicides, les fongicides et les insecticides, sont toxiques et provoquent l’effondrement des écosystèmes et sont la cause de maladies chez l’homme (agriculteurs et riverains par exemple).

Les engrais sont ainsi responsables de problèmes comme la prolifération d’algues vertes en Bretagne et ailleurs.

Il s’agit d’un problème de santé publique majeur, qui pourrait être régulé, mais les intérêts économiques l’emportent souvent.

Le véritable responsable n’est pas le capitalisme en tant que concept, mais plutôt la hiérarchie que nous avons établie, plaçant les intérêts économiques au-dessus des intérêts communs.

Si nous modifions le cadre juridique en plaçant les intérêts communs au premier plan, nous pouvons espérer préserver un monde plus viable à long terme.

Les dirigeants d’entreprises sont conscients de ces défis, mais il est essentiel de comprendre qu’ils ne peuvent pas simplement changer du jour au lendemain les trajectoires des entreprises.

Il est impératif de reconnaître que la principale raison d’être des entreprises est la réalisation de bénéfice, c’est là leur objectif fondamental.

Bien sûr, il est souhaitable qu’elles contribuent également au bien-être social, mais dans le contexte des grandes entreprises internationales, où la concurrence est intense, les initiatives sociales peuvent être perçues comme un handicap.

Une des solutions réside dans la nécessité pour les États de s’accorder pour imposer un cadre réglementaire commun aux entreprises, un cadre qui défend et protège certains biens communs de l’humanité.

Parmi ces biens communs, on peut citer la disponibilité d’eau de qualité pour tous, non contaminée par des produits chimiques nocifs.

Il en va de même pour l’air, qui doit être propre et respirable pour tous, exempt de polluants chimiques provenant des émissions industrielles.

La fourniture d’une alimentation saine et accessible à tous, ainsi que l’accès à l’éducation et à des niveaux de vie compatibles avec la dignité humaine, devraient également faire partie de ces biens communs que les États et les entreprises sont tenus de préserver.

Il est impératif d’informer les politiciens que des sanctions doivent être appliquées en fonction des valeurs que nous nous fixons, en particulier en ce qui concerne les politiciens en exercice.

Concrètement, s’informer sur ces questions et décider de voter est déjà un premier pas essentiel.

De nos jours, la plupart des citoyens semblent sensibilisés aux enjeux, mais il est important de noter que les élections font émerger des candidats soit populistes, soit des individus qui, à l’instar du gouvernement actuel, n’hésitent pas à utiliser de fausses informations pour justifier leurs actions, en particulier dans le domaine de l’écologie.

Par conséquent, il est essentiel d’être cohérent avec nos votes, et il est primordial d’exercer notre droit de vote tant que cela est encore possible. C’est là le premier point.

Le deuxième point réside dans la possibilité d’agir à différentes échelles.

Lorsque l’on est conscient de ces enjeux, l’action devient nécessaire pour éviter de sombrer dans la résignation et la dépression.

Il est essentiel de partager ces connaissances avec d’autres, de les diffuser, et de les discuter, même au sein de son entreprise, si celle-ci est dirigée par une personne ou un groupe de personnes dont les décisions ont un impact significatif.

Il est important d’essayer de convaincre ces individus, car qu’il s’agisse de pratiques de “greenwashing” ou de véritables préoccupations sociales et environnementales, les entreprises sont aujourd’hui contraintes d’améliorer leur image environnementale.

Cela implique également une connaissance approfondie des domaines dans lesquels nous nous engageons.

Il existe de nombreuses fraudes liées aux marchés du carbone et à la compensation carbone, par exemple.

Ces systèmes sont souvent pervertis, bien qu’ils aient été initialement conçus pour être vertueux.

Il est nécessaire de les réformer et de dénoncer les pratiques frauduleuses, tout en évitant de tomber dans les pièges qui peuvent se présenter lorsque l’on évolue dans ces sphères.

La croissance verte, un miroir aux alouettes ?

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La notion de croissance verte soulève actuellement un dilemme majeur : pour l’instant, il est difficile de faire de la croissance sans causer de destruction.

Toutes les technologies qui sont la base de la croissance verte (éoliennes, batteries électriques…), sont impactantes pour l’environnement.

Bien que la croissance verte puisse promettre une réduction des émissions de gaz à effet de serre, par exemple, en passant des moteurs thermiques aux moteurs électriques, elle repose néanmoins sur l’idée d’un capitalisme en expansion, d’une substitution des énergies, de la disponibilité des matières premières…

Cependant, il reste à démontrer que cette transition est réellement plus durable, car la quête des métaux nécessaires à la fabrication de ces moteurs engendre une pollution accrue des sols, des eaux et des émissions de gaz.

Actuellement, nous déléguons notre “croissance verte” à la Chine qui produit nos batteries, machines…

Ce qui va produire un très gros risque de dépendance à la Chine, car l’Europe n’a plus les minéraux, matières premières… ni les usines pour faire face à cette croissance verte.

La croissance verte semble difficile à concrétiser sans l’utilisation de technologies ayant un impact sur l’environnement.

Les technologies actuelles, qui alimentent nos moteurs électriques, ont des conséquences sur divers aspects de la viabilité de la planète pour l’humanité.

Quels sont les impacts pour nous en France ?

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L’effondrement imminent est une réalité qui menace de s’étendre à des parties de plus en plus vastes de la planète, mais les zones les plus vulnérables ne se trouvent pas nécessairement à proximité de nos régions.

Il y a actuellement des régions qui se trouvent sur le chemin de l’effondrement, comme la Somalie, la Syrie… où l’on ne pourra jamais revenir à l’état initial.

La particularité réside dans le fait que, dans des endroits comme la Syrie, l’issue de la crise semble incertaine.

Les ressources en eau étaient déjà sévèrement affectées, de même que la productivité agricole….

Aujourd’hui, les ravages sont tels qu’il est presque impossible de reconstruire le pays.

De plus, la persistance d’un régime dictatorial dissuade les investissements et l’aide internationale, ce qui signifie que la Syrie risque de demeurer dans une situation désespérée.

En fin de compte, les entreprises ne doivent pas seulement se préparer à un effondrement potentiel, car si un tel effondrement survient, elles seront balayées.

Il y aura très peu de place pour les entreprises, à l’exception de celles impliquées dans la défense ou les services essentiels tels que l’eau et l’alimentation.

Cependant, il est tout à fait possible de travailler à minimiser leur impact environnemental et sociétal.

C’est aux citoyens de passer à l’action, car ce ne seront pas les entreprises qui seront à cette initiative.

Les entreprises sont pour la plupart “déshumanisées”, et sont là pour faire du profit, par pour aider à créer un monde plus vivable.

En ce qui concerne les individus, il faut reprendre les gestes de “bon sens” que l’on retrouve lors d’un accident de la route :

  • On se met à l’abri
  • Informer les secours
  • Si vous êtes en sécurité, vous portez secours

Laurent recommande de se préparer mentalement en s’engageant dans des actions telles que

  • Voter pour les partis politiques qui visent à l’éco-responsabilité (et ne pas céder au populisme)
  • La réduction de sa consommation, en particulier la viande, et éviter de prendre l’avion. Il faudrait revenir à un niveau de consommation proche de ce que l’on voit actuellement dans les campagnes Marocaines (moins de 2 tonnes / an / personnes). Sachant qu’avec la raréfaction des matières premières tout ce qui sera rare sera plus cher, donc nous allons consommer moins.
  • Mettre en place des groupes de pression auprès des politiques pour faire influencer les Lois (ex: les labels autres que Bios qui ne sont pas aussi valables).
  • l’apprentissage des premiers secours et de la capacité à vivre dans un environnement en déconsommation.
  • la discussion avec les personnes qui ne sont pas au courant, car de nombreux influenceurs, politiques… prennent des libertés avec la science pour minorer les problèmes à venir.
  • S’engager dans des initiatives visant à faire face à ces défis, que ce soit à travers des projets en permaculture, des actions humanitaires, ou d’autres formes d’implication.

Il est essentiel d’agir dès à présent, car les écosystèmes perdent leur capacité à se renouveler d’année en année suite à notre sur-consommation.

Par exemple, il faut permettre aux massifs coralliens, mangroves… de se régénérer.

Il est également possible de s’informer sur ces problématiques, d’autant plus si l’on se sent prêt à le faire, et enfin, d’envisager l’action concrète.

Ces constats et plans d’action mettent en avant l’importance de conserver la mémoire historique et de prendre des mesures proactives face aux crises, que ce soit sur le plan environnemental ou économique.

Cependant, il ne faut pas espérer passer au travers de la déconsommation à venir : même si vous vous délocalisez à la campagne pour faire pousser des choux et des carottes, il y aura à un moment donné une personne qui viendra vous les dérober, menée par la faim et le désespoir.

Il faut penser collectif, nous ne survivrons qu’ensemble.

Il ne faut pas de s’enfermer dans de bulles ou se radicaliser sur les réseaux sociaux.

Il faut discuter et prendre des décisions collectives, comme la convention sur le climat même si cela a été un échec au niveau des résultats.

Les entreprises devraient envisager des stratégies à long terme pour gérer les ressources de manière durable et se préparer aux éventuels chocs futurs, en s’inspirant des enseignements tirés des civilisations passées qui ont dû relever des défis similaires.

Toutes les actions qui vont dans le bon sens sont bonnes à prendre, mais il ne faut pas compter sur le marché pour une auto-régulation.

Les entreprises doivent certes “verdir leur image”, mais surtout être sincères sur leur démarche éco-responsable, et repenser leurs business modèles

Par exemple, au lieu de vendre des voitures électriques, il faut plutôt réduire le parc de véhicules, les partager, obliger les constructeurs automobiles à louer et entretenir les voitures afin d’inciter à la durabilité…

Le seul point positif, c’est que nos économies ont “du gras”, il y a suffisamment de nourriture sur Terre pour nourrir 12 milliards de personnes, mais ces ressources sont utilisées pour faire de la viande ou des produits inutiles.

Il faut expliquer le monde tel qu’il est, et donc le rôle du marketing sera de donner envie de cette nouvelle société.

Voici l’interview complète de Laurent Testot :

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