Créer son entreprise en temps de crise, est-ce une bonne idée ? De nombreuses personnes se posent cette question, car dans le contexte économique actuel, ce n’est pas une décision simple à prendre…
En effet, lorsque l’économie est en croissance, c’est forcément plus facile car on peut prendre une parenthèse d’un an pour tester un projet (avec une rupture conventionnelle si nécessaire), et ensuite reprendre un job salarié si l’idée n’est pas rentable.
Dans un contexte de crise ou d’incertitude, la tendance est plutôt à jouer la sécurité, et à garder son idée pour le retour des beaux jours de l’économie.
Pourtant, ce n’est pas forcément la bonne solution que de repousser son projet, pour plusieurs raisons… et je vous explique mon point de vue dans cet article.
Sommaire de l'article
2 raisons de créer son entreprise même en temps de crise !
L’idée principale est de se dire que créer une entreprise en temps de crise ne nécessite pas forcément de tout quitter et tout lâcher immédiatement.
1 – Vous pouvez créer votre entreprise en parallèle de votre job, et gérer les deux en parallèle.
En effet, votre projet peut être un “side business”, qui peut à la fois générer des revenus complémentaires, être un “plan B” en cas de licenciement… afin de tester une idée avant d’aller plus loin, ou tout simplement apprendre quelque chose ou donner vie à une passion.
C’est ce que je fais avec ConseilsMarketing.com depuis près de 10 ans : le blog permet de tester mes idées, de me “forcer” à être toujours au top des techniques marketing, à créer un réseau de contacts hyper ciblés, à me former…
Les inconvénients étant d’avoir l’acceptation de votre patron sur cette activité “secondaire” qui pourrait faire penser que vous n’êtes pas 100% focus sur votre job, ou de de surcharger votre planning (au détriment de la vie perso…).
De mon expérience, je pense que le projet mené en parallèle est la meilleure manière de tester une idée.
Car cela permet de conserver des revenus récurrents, tout en ayant une idée de l’engouement qu’elle gère… Et dès lors que la demande sera validée (ex: un niveau de chiffre d’affaires atteint, un contrat décroché…), de passer à 50% ou à 100% sur votre idée.
Attention : vérifiez en amont que votre statut de salarié / fonctionnaire vous le permet, ou à défaut soyez discrets !
2 – Vous pouvez vérifier que votre projet est rentable avant de vous lancer.
Je suis persuadé qu’il y aura une “prime aux survivants économiques” de la crise du Corona Virus, à la Guerre en Urkaine, à la crise du gaz…
Ceux qui arriveront à surnager auront prouvé qu’ils ont un business modèle robuste, une cible pertinente, une gestion rigoureuse et un bon marketing.
En effet, autant dans une période de croissance même les mauvais survivent, autant dans une période de crise seuls les meilleurs continuent à croître.
Comment vérifier que son idée de création d’entreprise sera un succès ?
Dans la période actuelle, il est nécessaire de s’assurer :
- De s’adresser à une cible qui a un besoin urgent et important (et solvable).
- D’avoir un produit qui répond à cette demande de manière différenciante sur son marché (différenciante ne veut pas dire innovant, vous pouvez vous différencier par le marketing, le design, le business model…).
- D’avoir les moyens d’adresser ces cibles sans trop d’efforts (c’est-à-dire en phase avec le budget que vous pouvez mettre pour acquérir un client).
Pour cela, il faut commencer par confronter son idée à ses prospects.
Vous pouvez retrouver sur le site Partners Finances un article complet sur les manières classiques de faire une étude de marché et tester une idée.
En particulier, l’article présente les éléments suivants :
- L’évolution du marché
- L’étude des aspects juridiques de l’activité (normes, obligations, formations…).
- La définition du client type (le persona)
- L’identification des concurrents
- Le choix d’un positionnement
- …
Ce dossier présente aussi les méthodes classiques d’étude marché :
- Documentaires : recherches des études publiques (INSEE…)
- Qualitatives : entretiens avec des clients et experts du domaine, acheter les produits des concurrents…
- Quantitatives : questionnaires envoyés à vos prospects types (objectif au moins 100 à 200 réponses pour avoir une idée fiable, et une petite base à prospecter au départ).
Il est aussi possible d’aller au-delà, et d’utiliser les techniques de Growth Hacking pour tester un marché de manière astucieuse, comme par exemple :
- Lancer son produit “virtuellement”. Cela consiste à créer une page de vente ou un prototype, et en le proposant à des prospects via par exemple une annonce sur LeBonCoin.fr, via une page de vente qui va recevoir du trafic généré par des publicités Facebook Ads ou Google Ads, la création d’un site eCommerce limité à quelques produits… Cela permet de tester pour quelques dizaines d’euros un prix, un nom, un concept. Et si des personnes veulent acheter, vous pouvez les rembourser en leur indiquant que le produit a pris du retard et qu’ils seront avertis de la disponibilité.
- Créer un Blog ou un Podcast ou une Chaine Youtube sur le sujet, et interviewer des experts. Ainsi vous avez un excellent prétexte pour prendre contact avec des experts du domaine, vos futurs fournisseurs… et vous pourrez en off leur parler de votre projet.
- Analyser le volume potentiel de recherches sur Internet via des outils comme SEMrush (voir cet article), qui permettent d’avoir une estimation du nombre de recherches par mois sur une expression donnée. Par exemple, si l’on veut créer une boutique de location de scooters à Quimper, on peut voir que le volume estimé est de 20 demandes / mois. En alternative de SEMrush, vous pouvez aussi utiliser Ubersuggest.com, AHref.com, Google Ads… ou encore Google Trends.
- Posez la question dans les Groupes Facebook, Forums… en étant clair sur votre projet. Vous expliquez que vous voulez lancer une entreprise, et vous demandez un retour des membres du groupes. Dans ce cas, je vous conseille de proposer un dédommagement (ex: 25 à 50 € pour 1 heure d’échange au téléphone ou via Zoom), afin d’avoir des candidats motivés et disponibles ! Une des questions les plus importantes à poser à la fin de l’entreprise, c’est “Si je vous donnais 100 €, est ce que vous achèteriez ce produit, ou vous en feriez autre chose”. Cela permet de voir si le coût de votre produit est vraiment apporteur de valeur ajoutée pour votre prospect.
- Estimer le volume de ventes sur les sites eCommerce. Par exemple certains sites affichent le nombre de produits en stock. Il suffit alors de revenir tous les jours sur le site pour voir le stock restant afin de calculer les ventes journalières.
Important : afin de valider les problèmes de votre cible, les limites des produits concurrents, les attentes des clients… je vous conseille de consulter les avis clients sur Amazon, Trustpilot… et sur les sites de concurrents. Vous verrez très facilement ce qui est apprécié et détesté !
Comment créer son entreprise en temps de crise, sans pour autant y passer ses nuits ?
Voici quelques conseils tirés de mon expérience personnelle sur l’entrepreneuriat (voir cet article), et qui sont encore plus valables pour une création d’entreprise en 2021 :
– Fait plutôt que parfait
L’un des plus grands dangers lors d’une création d’entreprise, c’est de chercher la perfection, et tenter de sortir le produit parfait.
Or plus vous attendez, plus vous prenez du retard, et plus vous perdez en motivation.
Au contraire, il faut confronter son idée au marché le plus rapidement possible, avec une “béta” ou un prototype, afin d’avoir rapidement des retours pour améliorer l’idée et éviter de se fourvoyer dans des mauvaises hypothèses.
– Lancez vous à deux
Créer une entreprise seul est un vrai challenge, en particulier si l’on a une famille (il faut bien se mettre d’accord sur le temps que cela va prendre, le timing avant de faire un bilan de la rentabilité de l’idée, les sacrifices / gains que cela apporte…).
Dès lors, il est bien plus pertinent de travailler à deux sur le projet, afin de doubler sa capacité d’exécution, mais aussi pour se motiver.
C’est ce que j’ai fait à chaque gros projets, comme ma première formation vidéo au blogging, mon premier livre papier…
Seul on va plus vite, mais à plusieurs on va plus loin !
– Réalisez un min business plan sur Excel avec les revenus / charges.
Le but n’est pas d’avoir un fichier hyper complet, mais simplement comment vous allez gagner de l’argent de manière détaillé, et les dépenses en face.
Le principe est de voir si vous idées sont réalistes ou pas.
Par exemple, si vous voulez ouvrir une boulangerie, et que vous devez faire 5 000 € de marge brute pour payer vos frais fixes (boutique, prêt, votre salaire…), calculez combien de baguettes vous devez vendre tous les mois. Si sur une baguette à 1 € vous gagnez en moyenne 0. 3 € (0,28 € pour les matières premières, la cuisson 0.18 €, la vendeuse à temps partiel 0.24 #…).
Cela fait 5000 / 0.3, soit 16 666 € de chiffre d’affaires brut… et donc 16 666 baguettes à vendre par mois (s’il n’y a aucune perte ou imprévus), soit 666 baguettes vendues / jour (si 25 jours d’ouverture / mois), ou environ 66 baguettes par heure (si ouverture 10h / jour). Tout de suite, cela fait réfléchir d’une part à l’importance d’un bon emplacement, au fait qu’il faut vendre aussi des produits plus chers (pain spéciaux…) ou des produits complémentaires (ex: bonbons, pâtisseries…).
C’est généralement avec ce petit fichier Excel, que l’on commence à revoir son prix, ses dépenses, ses actions de génération de trafic, la valeur ajoutée apportée… car tout de suite les chiffres obligent à un réalisme plus important.
– Fixez vous des objectifs d’actions et de chiffre d’affaires à l’avance.
Il est très facile de faire de son projet de création d’entreprise “un rêve”, que l’on repousse de mois en mois, soit de manière consciente (la peur d’échouer ou de se lancer), ou inconsciente (faire des tâches non essentielles en pensant “travailler” sur son projet).
D’où l’importance de se poser les bonnes questions : quelle est la chose la plus importante que je dois faire aujourd’hui pour faire avancer mon projet (pour éviter de faire des tâches amusantes ou moins difficiles), est ce que ce que je fais va apporter de la valeur à mon entreprise et à mon client…
La pire erreur est de flâner sur les réseaux sociaux, de passer des heures à regarder des vidéos Youtube… au lieu de passer à l’action pour faire avancer votre projet.
– Faites-vous une routine
Ce sont les habitudes et l’effet cumulé qui feront que vous allez atteindre le succès.
Plutôt que de passer ½ journée par mois, passez plutôt 45 minutes / jour sur votre projet (ex: lors de la pause du midi, le soir après le film…).
C’est la régularité qui va payer, et pour cela vous devez intégrer votre nouveau projet dans votre routine quotidienne.
– Parlez de votre projet à vos amis
Le fait de parler de votre projet vous vous mettre une pression externe, car vos amis et votre famille va vous parler de votre projet, et vous serez bien obligé de leur “rendre des comptes”.
Vous pouvez aussi ouvrir un compte sur les Media Sociaux, et parler de votre projet, ce qui vous permettra d’avoir à la fois une pression positive, mais aussi de bénéficier de retours de vos contacts.
Idéalement, trouvez un autre créateur d’entreprise, un chef d’entreprise… afin d’échanger ensemble sur le sujet, et vous inciter à avancer.
Encore une fois, être seul et avancer dans l’inconnu n’incite pas à se lancer… Mais être à deux pour parler d’un projet permet de garder le cap.
De même, fixez-vous une date de sortie avec une contrainte (ex : l’ouverture des locaux, une inauguration…), ce qui vous obligera à être focus sur cette ligne d’arrivée, et accélérer le pas si nécessaire.
En conclusion, créer une entreprise en temps de crise, la bonne idée ?
Confucius disait “Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a 20 ans… le second meilleur moment c’est maintenant”.
Pour une création d’entreprise, c’est la même chose : idéalement vous auriez dû le faire avant, mais il ne faut pas s’en inquiéter, il est toujours possible de réussir à condition d’être original et de valider son projet.
L’époque actuelle nécessite uniquement une meilleure gestion financière, et un produit qui soit en phase avec les besoins des consommateurs.
En revanche, faites attention à votre famille, vos amis, votre entourage… qui vont, sans le vouloir, vous inciter à renoncer ou à repousser votre projet.
Ces conseils, recommandations… comme “tu devrais plutôt attendre” / “tu crois que c’est vraiment le moment” / “C’est risqué” / … sont le plus souvent une peur du risque, une mauvaise expérience, un manque de connaissances… pour vous protéger, plutôt que des conseils rationnels pour votre projet.
Ils ont simplement peur pour vous… mais rappelez-vous que c’est toujours le client qui a raison : si vous avez un produit qui répond à une demande et que les gens sont prêts à payer, alors c’est qu’il y a un business à monter quel que soit le contexte économique !
Et à l’inverse, le contexte économique permet de créer de nouvelles opportunités avec de nouvelles habitudes, de nouveaux besoins, de nouveaux réflexes… qu’il est possible d’exploiter.